i've come to say something (dom)

Louis contemplait la porte d'entrée en bois vernis. Cela faisait bien plusieurs secondes qu'il se tenait là, à ne plus bouger. C'était à peine s'il respirait... ou bien il n'en avait simplement pas conscience. Des tas de sentiments se bousculaient dans son esprit. Il était sur le point de sonner à la porte de Dom tout de même, alors il ressentait pas mal de choses l'instant d'une minute. La dernière fois que les deux hommes s'étaient confrontés, les événements ne s'étaient pas déroulés dans le meilleur des scénario. Louis avait été déçu, il fallait bien qu'il l'admette. Il avait pensé pouvoir refaire surface dans la vie du brun, mais cela s'était terminé par un échec cuisant. Et en y réfléchissant un peu plus chez lui, partout où il allait, le blond le comprenait. Il s'en voulait maintenant lui-même d'être parti pendant cinq ans sans rien lui dire. Le pire avait été d'entendre de la bouche de Dom qu'il était en couple avec un autre mec. Le coeur de Lou n'avait fais qu'un saut dans sa poitrine et il avait alors réalisé à quel point le brun comptait pour lui. Même après tout ce temps, il était encore amoureux de lui, d'une façon inexplicable (ou bien était-ce pour son sourire angélique, sa sensibilité ou ses muscles affolants?). Et voilà qu'il se trouvait devant chez lui. Un simple annuaire et quelques connaissances de sa mère en ville avait suffi pour qu'il trouve l'appartement où Dom vivait.
Un peu louche, vous vous direz.
Peut-être. Sûrement. Mais c'était ainsi que fonctionnait Louis. Il vivait dans la spontanéité, l'illogisme. Ce qui le conduit à lever son index sur la sonnerie de la porte. Il ne voulait pas s'affoler, juste s'excuser, faire entendre sa voix, écouter ce que Dom avait à dire puis s'en aller s'il ne voulait pas de lui à ce point là.
Driiing.
La sonnerie était du moins anxieuse. Puis la porte s'ouvrit dans un bruit tout aussi terrifiant et le géant brun apparut dans l’encadrement de la porte.
- Dom, je. Hm. Excuse-moi du dérangement. Je sais que je n'ai aucun droit d'être ici, mais je veux te parler... de ce qui s'est passé l'autre fois.
Louis avait préféré être catégorique, précis et concis, car il ignorait si Dom allait lui laisser le temps de finir sa phrase. Et apparemment, oui.
- J'ai ramené du vin en gage de paix.
Le blond avait fait un effort sur la marchandise. Il s'était tâté entre du vin, du chocolat, un bouquet de fleur ou rien. Et puis, il s'était dit qu'il aurait plus de chance de passer inaperçu avec un petit cadeau en main. Il avait ressenti le besoin de marquer ce jour.

Les traits de Dom étaient si durs et indifférents quand Louis le dévisagea sans aucune complexité. Il avait eu l'habitude de l'observer pendant des heures. C'est à peine si ses yeux n'avaient pas sillonné une seule partie du corps du brun. Le blond s'en était réjoui à l'époque en voyant toute cette beauté défilé devant lui sans avoir fait aucun effort. Il avait mémorisé toutes les ombres de ses muscles alors qu'il sommeillait allongé dans leur lit. A cet instant précis, la gorge de Louis se resserra et les souvenirs eurent raison de lui. Il n'avait pas perdu l'image toute entière de Dom, mais il avait perdu sa confiance et plus rien ne sera comme avant. Il sentait déjà que sa présence était de trop pour son ancien meilleur ami, même avec une bouteille de vin dans les mains.
Ses craintes furent approuvée par un "okay" dubitatif. Le visage de Louis s'affaissa un peu et une aiguille vint percer son petit coeur de toute part. Il avait mal et il avait envie de partir d'ici, loin, comme à chaque fois qu'il se cognait à une difficulté avec les gens qu'il chérissait. Il préférait partir pour ne pas à affronter la vérité en face. Seulement, sa vie ne devenait qu'affrontement sur affrontement et s'il devait courir pour se réfugier tous les jours, ce n'était pas une vie à vivre. Louis allait devoir mettre ses peurs de côté et aller de l'avant pour au moins mettre les choses au clair. Et puis, il y avait le baiser qu'ils avaient échangé dans le bureau de Dom. Cela devait compter pour quelque chose non? La réaction de Dom était peut-être une réaction de fierté ou de refoulement à l'idée que Louis voulait faire comme si rien ne s'était passé. Pourtant, il était là pour se faire pardonner entre autre (et voir comment vivait Dom au passage). Il n'était pas sûr qu'il le dise noir sur blanc mais le blond était venu agité un mouchoir blanc, en signe de paix.
- Qu'est-ce que ça changerait de le savoir.
Louis pesait ses mots. Il avait le droit de rester flou tant que Dom ne l'accueillait pas proprement. Il s'accouda au bar et lança un regard autour de lui. L'appartement était pas mal, assez spacieux, mais des affaires tendaient à s'égarer ici et là. Des affaires qui ne pouvaient pas être à Dom (ou bien il s'était trouvé une passion pour ce genre de chose, comme le rouge-à-lèvre).
- Tu ne vis pas tout seul ici à ce que je vois. J'aurais pensé que tu te serais installé seul ou avec... ton copain. C'est une colocation?
Il avait pensé que c'était un truc sérieux entre Dom et Noah, son petit-ami, à cause de ce qu'il s'était passé la dernière fois. Dom l'avait sûrement rejeté à cause de sa situation, mais maintenant Louis n'en était pas vraiment sûr et certain.
- C'est sympa ici en tout cas.
Louis essayait entre autre de ne pas trop fixer le torse dénudé de son ami. La situation ne le permettait. C'était tendu et il ne pouvait pas faire la sourde oreille; ces temps étaient révolus désormais. Que pouvait-il bien faire pour rendre à Dom son visage souriant et attendrissant à son encontre? Il décida de prendre délicatement la bouteille des mains du brun et de l'ouvrir à sa place, comme si ça pouvait le pardonner de s'être invité chez lui. Cela ne suffira pas, Louis le savait. Il devait s'assurer que Dom ne lui montre plus sa vilaine carapace. Il devait lui assurer qu'il avait fait une erreur la dernière fois. Le blond hésita quelques secondes, puis après que le bouchon "pop" et qu'il ait versé le vin dans les verres, il se lança.
- Ecoute, je suis venue pour m'excuser... de ce qu'il s'est passé la dernière fois, à ton bureau. Je n'aurais pas du, tu sais, t'embrasser comme ça. C'était con, je n'en avais aucun droit. Et je ne recommencerai pas - il essayera de ne pas recommencer, nuance, rien n'était sûr de ce que ses pulsions lui dicterait s'il venait encore à s'attendrir sur Dom avec son torse nu.
- Tu n'as plus rien à t'inquiéter maintenant. Santé.
Il leva son verre vers Dom, un goût un peu amer dans la bouche. Le vin l'appelait dans une douce mélancolie et il en but tout de suite une grande gorgée. Pas très classe, mais c'était tout ce qu'il avait sous la main et il en avait grand besoin.